Un nouveau virus : le virus turc

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En août 2020, la Turquie avait organisé des manœuvres militaires conjointes avec l’Azerbaïdjan aux
frontières de l’Arménie. Un plan d’attaque de l’Azerbaïdjan contre l’Artsakh (Nagorny/Haut Karabagh, ndlr)

était minutieusement préparé
par l’état-major turc.

Au même moment, en Turquie, lors de l’une de ses réunions, le Meclis (parlement) avait créé un « Comité
des Droits de l’Homme » composé de représentants des différents partis politiques. Ce comité avait rendu
visite à Istanbul aux institutions arméniennes afin de témoigner de la gratitude de l’État envers ses citoyens.
Puis, selon un plan bien établi, le 27 septembre 2020, l’armée azerbaïdjanaise attaqua l’Artsakh. Les
généraux turcs dirigeaient les opérations, fournissant en outre comme supplétifs patentés des djihadistes
syriens en première ligne. La guerre dura 44 jours. Afin d’éviter un massacre annoncé devant la supériorité
matérielle et numérique, l’Arménie fut contrainte d’accepter l’arrêt des combats, ordonné par la Russie. Les
forces armées russes devaient assurer le contrôle du cessez-le-feu. Les Azéris allaient occuper les villages
arméniens et y planter les drapeaux azéri et turc.

Depuis la signature de cet armistice, le premier Ministre arménien Nikol Pachinian est devenu l’homme à
abattre. Ainsi, les décennies de gabegie, de corruption et de malversations qui ont conduit à la situation
actuelle de l’Arménie sont imputées à cet homme, arrivé au pouvoir il y a 2 ans seulement, et ce par la
volonté du peuple souverain.
Attaquer Pachinian, le rendre responsable de tous les maux fait le jeu des adversaires, à savoir l’Azerbaïdjan
et la Turquie car cela met à mal le processus démocratique qui a permis au peuple de choisir son destin en la
personne de Pachinian. L’Armenie a perdu une bataille mais pas la guerre.
Apparemment forte numériquement, la diaspora arménienne n’est en réalité qu’une quantité négligeable au
regard de son poids dans les institutions de tous les pays où elle est présente.

Il faut donc rester modeste et ne pas se permettre de vouloir infléchir la politique de l’Arménie lorsqu’on est
incapable de pouvoir influencer les politiques des pays dans lesquels nous vivons. Ainsi, la difficile issue du
combat en France pour la reconnaissance du génocide des Arméniens par le Parlement français ne fut
acquise que grâce à l’implication des partis politiques et des syndicats, que MAFP avait proposé et non par
les forces communautaires seules. L’unité est certes nécessaire, mais pour ce faire chacun devrait laisser de
côté son ego et ne pas chercher à s’imposer comme leader incontesté.

Pour devenir un pays invincible, l’Arménie doit se doter d’une armée puissante avec un armement
moderne ; elle doit être soutenue par des pays amis et des alliés, mais elle doit surtout pouvoir compter sur
une diaspora remodelée et efficace prête à obtenir les soutiens qui lui sont indispensables en tant qu’État.
Il est urgent de s’organiser car le virus turc était maintenant présent dans le Caucase.

Nersès Durman-Arabyan
Paris –16/12/2020

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photo : Par Адміністрація Президента України, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=78111729

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